Les préserver

La régression des plantes messicoles

Autrefois largement répandue, les plantes messicoles se raréfient, mettant en péril la durabilité des nombreux services écologiques fournis et la résilience des systèmes agricoles. En chiffre, sur l’ensemble des 102 espèces de plantes messicoles recensées par la liste nationale de référence, 7 sont considérés comme éteintes à l’échelle métropolitaine. Et selon la liste rouge de la flore vasculaire menacée de France (uicn.fr/liste-rouge-flore), évaluant les risques de disparition des plantes : 18 des 87 plantes messicoles indigènes sont menacées de disparition soit 1 espèce messicole sur 5.

Leur régression est attribuée aux importants changements de pratiques agricoles opérés en Europe depuis les années 1950. Le regroupement de parcelles a conduit à la raréfaction des linéaires de bordures, propices à la diversité floristique. Ailleurs, les zones les moins productives sont abandonnées et regagnées par la lande. Afin d'optimiser la productivité, les agriculteurs ont augmenté les apports d'intrants chimiques (engrais azoté et pesticides), facteur le plus directement préjudiciable aux plantes messicoles. La généralisation du labour profond entraine la sélection d’espèces à graines dormantes et à longévité élevée. Enfin, le tri des semences industriel limite fortement le nombre de graines de messicoles réensemencées.

Partie intégrante de la biodiversité des espaces cultivés, l'avenir de la flore messicole est la responsabilité de tous dès à présent.

 

Là où les plantes messicoles constituent un enjeu fort

Au niveau national, les principaux enjeux de conservation des plantes messicoles devenues très rares sont localisés en région méditerranéenne, dans les zones de moyenne montagne marquées par la déprise agricole, dans les territoires plus montagnards où l’élevage est prédominant et associé à une culture céréalière extensive pour l’alimentation du bétail. Mais tous les territoires agricoles sont concernés par la régression de cette biodiversité.

La définition régionale d’indicateurs basés sur des critères tels que la rareté, la régression et les statuts de protection doit permettre d’identifier les espaces encore riches en plantes messicoles, les systèmes agricoles associés et les partenariats à mobiliser.

Le conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées a conçu un indicateur communal d’enjeux messicoles sur la base d’une note attribuée à chaque espèce messicole selon quatre critères : indice de menace, évolution de la répartition de l'espéce (comparaison de données de présence départementale avant et après 2000), statut de protection national et indice de rareté (nombre de communes de présence par espèce). L’indicateur communal des enjeux messicoles est obtenu par le cumul des notes attribuées à chaque espèce inventoriée sur le territoire communal.

La méthode repose sur des données de présence de plantes messicoles dans les champs cultivés, acquises par le CBNPMP et ses partenaires dans le cadre de programme d'actions en faveur des plantes messicoles. 27 000 relevés ont été réalisés dans des parcelles déclarées au moins une fois en céréales, vignes ou vergers, entre 2012 et 2023, sur le territoire de Midi-Pyrénées. Parmi ces relevés, 9 828 comprennent au moins une plante messicole. Le statut de 2 376 communes vis-à-vis de l’enjeu messicoles a ainsi été précisé en 2023.

Les notes obtenues par les communes sont regroupées en classes pour construire une échelle graduelle d’enjeux territoriaux, depuis les communes sans plantes messicoles en l’état actuel des connaissances jusqu’aux communes présentant un enjeu majeur de conservation des plantes messicoles.

Respectivement 9, 57 et 137 communes présentent un enjeu majeur, un enjeu très fort ou un enjeu fort de conservation des plantes messicoles. Ce sont des communes comportant un important cortège de plantes messicoles, constitué d’espèces communes mais aussi d’espèces rares, en régression sur le territoire, menacées et/ou protégées : Gagea pratensis, Valerianella echinata, Veronica triphyllos, Ceratocephala falcata, Adonis annua

Cette analyse révèle des secteurs où les enjeux de préservation sont forts. Elle permet de déployer des actions ciblées en faveur de ces plantes puis d’évaluer les résultats.

 

Comment préserver les plantes messicoles ?

Un certain nombre d’outils et de solutions techniques peuvent être mobilisés pour alerter, protéger ou inciter à prendre en compte les plantes messicoles.

Un ensemble de pratiques culturales adaptées peut être mis en place par les agriculteurs : rotation privilégiant les céréales d’hiver, réduction ou suppression des herbicides, travail du sol peu profond, apport d’intrants limités.

Les collectivités peuvent aussi infléchir sur leur sort en soutenant des stratégies de développement durable favorables. Plusieurs outils fonciers sont mobilisables dans le but de protéger les terres agricoles et la biodiversité qui leur est associée.

La conservation des plantes messicoles nécessite non seulement de mobiliser des outils, mais aussi d’avoir une approche globale et de mettre en place une animation territoriale. Le Ministère de la transition écologique et solidaire, les Conservatoires botaniques nationaux et leurs partenaires ont engagé un Plan national d’action (PNA) visant à enrayer le déclin des plantes messicoles. En Midi Pyrénées, le plan régional d’actions en faveur des plantes messicoles, puis le programme Messiflore ont été mis en oeuvre successivement de façon partenariale pour encourager et soutenir les initiatives de maintien et de restauration de la diversité floristique des bords de champs.