• Tulipa agenensis

Les connaitre

Les plantes messicoles, témoins de l’évolution de l’agriculture

Étymologiquement « habitantes des moissons », les plantes dites messicoles ont la particularité d’être des espèces végétales étroitement liées à leur milieu de vie, les cultures céréalières, où elles s’implantent préférentiellement. Ce sont des plantes pour la plupart annuelles, dont le cycle biologique est en phase avec celui des céréales. Spontanées dans un milieu géré par l’homme, les plantes messicoles font partie du vaste groupe des plantes adventices. Ce terme, venant du latin, désigne les plantes poussant de manière non intentionnelle dans les cultures (« venant de l’extérieur »). Préférant les milieux pauvres, les messicoles sont peu concurrentielles, ce qui fait leur particularité au sein de ce groupe des adventices.

L’adaptation des plantes messicoles aux perturbations induites par la pratique de l’agriculture trouve son explication dans l’histoire et les origines de ces dernières. En effet, certaines messicoles sont dans leur région d’origine des plantes pionnières et de milieux instables. Le travail du sol pratiqué dans la culture leur a offert de nouveaux habitats. Pour d’autres, ce sont d’anciennes cultures fourragères, potagères, oléagineuses ou médicinales : par exemple la Mâche et la Caméline. Elles ont pu se maintenir dans les champs après avoir été délaissées par l’humain.

Les messicoles peuvent être indigènes, archéophytes ou néophytes. Les archéophytes, introduites avant 1500, sont arrivées en France dès le Néolithique, marqué par le développement de l’agriculture. Elles proviennent a priori d’Asie Centrale et de l’est du bassin méditerranéen. Elles se sont propagées par différentes voies de migration, arrivant par le sud-est (courant méditerranéen), l’Europe centrale (courant danubien) ou l’Afrique du nord et l’Espagne, à la faveur d’échanges de semences et de l’expansion des champs cultivés. Les néophytes sont arrivées plus tardivement, du XVIe au XVIIe siècle.

Aujourd’hui encore, les pratiques culturales influent sur la répartition de ces plantes. Témoignages vivants du développement de l’agriculture et de sa contribution à la biodiversité, elles constituent un patrimoine naturel unique.

 

Les listes de messicoles de référence

Etablie en 2000 (Aboucaya & al.), puis révisée par le comité de rédaction du plan national d'actions en faveur des plantes messicoles en 2012, la liste nationale des plantes messicoles comporte 102 taxons. 89 sont des thérophytes répondant strictement à la définition de plantes messicoles et 13 sont des géophytes, intégrées à cette liste en raison de la problématique commune de conservation (Gagea villosa, Allium rotundum, Bunium bulbocastanum, Tulipa agenensis, etc.)

Le comportement messicole d'une espèce peut être hétérogène sur le territoire métropolitain et des spécificités régionales se dégagent. Certains taxons sont inféodées aux parcelles cultivées de façon extensive uniquement sur un territoire restreint. A l'inverse, certains taxons, bien que présents dans une région, ne sont pas ou plus strictement inféodés aux parcelles cultivées. Des listes régionales peuvent donc compléter la liste nationale.

Une première liste d'espèces poussant dans les champs cultivés en région Midi-Pyrénées a été extraite de la bibliographie en 2005 par le conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées (CBNPMP). Des prospections ont ensuite été menées par le CBNPMP et ses partenaires dans les espaces agricoles de la région pour réviser la liste initialement proposée.

La liste retenue des plantes messicoles et plantes remarquables de cultures, vignes et vergers de Midi-Pyrénées comporte 115 taxons et a été publiée dans Le Monde des Plantes en 2007 (Cambecèdes & al. 2007). Elle sert de support aux prospections de terrain et aux actions ciblées en faveur de ces plantes dans la région.

> Consulter la liste nationale des plantes messicoles et la liste des plantes messicoles et plantes remarquables de cultures, vignes et vergers de Midi-Pyrénées.