Les plantes messicoles font partie d’un réseau complexe de relations avec d’autres organismes vivants. Des liens étroits existent notamment entre les plantes et la faune. Les feuilles, tiges et graines peuvent être consommées, le pollen et le nectar fournissent des ressources pour les insectes et la plante entière peut servir d’habitat. En offrant abri et nourriture, les plantes messicoles contribuent au fonctionnement de l’agro-écosystème. Elles participent notamment indirectement à la pollinisation des espèces cultivées et à la lutte contre les ravageurs des cultures.
Des fleurs indispensables pour les pollinisateurs
La grande majorité des plantes messicoles sont productrices de pollen ou de nectar. Elles offrent une ressource diversifiée, disponible dans le temps et dans l’espace aux insectes pollinisateurs : abeilles domestiques, abeilles et bourdons sauvages, syrphes, papillons.
Le bleuet (Centaurea cyanus) et les coquelicots (Papaver rhœas) sont probablement les messicoles les plus connues de tous. Elles sont mentionnées respectivement pour leur intérêt nectarifère et pollinifère dans la liste des plantes attractives pour les abeilles. En zone de grandes cultures, le coquelicot est un apport essentiel en pollen : il fleurit entre les floraisons du colza et du tournesol, période pendant laquelle la démographie des abeilles est plus importante.
Parmi les autres plantes messicoles d'importance pour la production de nectar on peut citer les espèces des genres Centaurea, Consolida, Delphinium ou Viola.
Enfin, la présence de paysages extensifs et diversifiés ainsi que de plantes rares pourrait permettre le maintien de certaines espèces pollinisatrices rares. Les formes de fleur originales chez les plantes messicoles semblent également favorables à certaines espèces pollinisatrices relativement spécialisées.
En contribuant à favoriser les populations d'insectes pollinisateurs, les messicoles contribuent à une meilleure pollinisation des cultures.
Utiles aux insectes auxiliaires des cultures
Les messicoles peuvent également contribuer au contrôle biologique des ravageurs des cultures. De nombreuses études mettent en évidence la contribution des espèces sauvages au fonctionnement de l’agro-écosystème, notamment pour lutter contre les ravageurs de cultures.
En effet, beaucoup d’auxiliaires comme les syrphes, les coccinelles, les chrysopes ou les hémérobes (consommateurs de pucerons, acariens, œufs de papillons notamment) ont besoin de pollen et de nectar pour se nourrir et se reproduire. On peut citer également des prédateurs de ravageurs comme les diptères, araignées, fourmis, coléoptères ou hémiptères. C’est le cas aussi des hyménoptères parasitoïdes, dont le taux de parasitisme augmente avec la présence de nectar dans l’environnement. Les fleurs riches en sucres ou les fleurs ouvertes dont les ressources sont facilement accessibles répondent à leurs besoins : par exemple Anthemis arvensis (Anthémis des champs), Bifora radians (Bifora rayonnant), Calendula arvensis (Souci des champs), Cyanus segetum (Bleuet), Glebionis segetum (Chrysanthème des moissons).
Les messicoles peuvent aussi faire office de zones refuges lors de perturbations ou pendant l'hivernation.
Attractives pour l'avifaune
Le rôle des adventices en tant que ressource alimentaire pour les oiseaux des plaines cultivées est bien connu. L’alimentation des oiseaux des champs est principalement constituée de graines, de jeunes pousses et d’insectes. Les graines produites par les plantes messicoles peuvent être consommées. En été, les insectes sont attirés par les fleurs messicoles et nourrissent à leur tour les Phasianidae (Perdrix grise, Perdrix rouge, Caille des blés).
Accroissement de la biodiversité
De manière générale, les messicoles étant rares, elles améliorent la diversité végétale, en augmentant le nombre d’espèces présentes et le nombre d’espèces rares. Or les végétations à forte diversité sont souvent identifiées comme favorables à une forte diversité d’espèces d’invertébrés. Et la diversité floristique participe à améliorer la résilience de la diversité animale et végétale aux perturbations.
Valorisations alimentaires et médicinales
Nombre de plantes messicoles sont utilisées comme plantes médicinales, ressources alimentaires occasionnelles pour la famille ou encore pour l’ornementation des jardins. Pour ne citer qu’elles :
- Les feuilles tendres du Chrysanthème des moissons (Glebionis segetum) sont encore consommées en salade ;
- Certains usages médicinaux sont toujours en vigueur : le Bleuet (Cyanus segetum) par exemple, entre dans la composition de lotions et cosmétiques oculaires ;
- Bunium bulbocastanum avec ses tubercules comestibles, est aussi connue sous la dénomination de Noix-de-terre ;
- Delphinium consolida ou Pied-d'alouette royal a été cultivé dès le XVIe siècle en tant que plante ornementale.
Les plantes messicoles constituent également un apport de nourriture pour le bétail. Les champs accueillant une diversité floristique élevée présentent un intérêt fourrager certain. En septembre et en octobre, les parcelles de chaumes comportant une communauté adventice variée, riche en messicoles, sont significativement plus riches en matière azotée totale et en éléments minéraux, fournissant un apport nutritif de qualité. La teneur relative en cellulose est plus faible, ce qui rend le fourrage plus digeste. Dans un système de polyculture-élevage extensif, la flore messicole peut donc constituer en fin d’été une ressource herbagère intéressante, à une période où les autres parcelles sont au contraire très appauvries par la sécheresse estivale.
Patrimoine culturel et paysager
Les plantes messicoles sont ancrées dans le patrimoine culturel français. L'impressionnisme, mouvement artistique apparu en France dans le dernier quart du XIXe siècle, est mondialement connu pour les paysages ruraux peints par Monnet, Van Gogh... Les coquelicots et les bleuets sont choisis pour saisir le mouvement et la couleur des champs.
Van Gogh - Champs de blé aux bleuets
Lors de la guerre 1914-1918, des messicoles deviennent symboles patriotiques. Le bleuet, le coquelicot, la marguerite sont les emblèmes du drapeau. Ils seront également utilisés sous le régime de Vichy, et plus tard en souvenir des combattants anglais et français. Ces fleurs sont toujours utilisées sur les couronnes funéraires ou en cocarde lors de commémorations.